
Saisie sur salaire : comprendre la réforme 2025 et connaître vos droits
Une procédure qui évolue profondément
Depuis le 1ᵉʳ juillet 2025, les règles encadrant les saisies sur salaire ont considérablement évolué. Cette réforme nationale, applicable également à La Réunion, modifie les étapes, les délais et les interlocuteurs de cette procédure.
Ces changements concernent trois catégories d’acteurs : les salariés ayant une dette (débiteurs), les personnes ou entreprises réclamant une somme due (créanciers), et les employeurs chargés d’effectuer les retenues sur salaire.
Comprendre cette nouvelle organisation est important, que vous soyez confronté à une situation d’endettement, que vous cherchiez à recouvrer une créance, ou que vous soyez un employeur devant appliquer de nouvelles procédures.
Les bases : qu’est-ce qu’une saisie sur rémunération ?
La saisie des rémunérations est une procédure légale permettant à un créancier de prélever directement une partie du salaire d’un débiteur, sous réserve de disposer d’un titre exécutoire (jugement, acte notarié, etc.).
L’ancien système (avant 2025)
La procédure suivait un parcours bien établi :
- Saisine du tribunal par le créancier
- Audience devant le juge de l’exécution
- Décision judiciaire autorisant la saisie
- Transmission à l’employeur par le greffe du tribunal
- Versement des retenues au greffe, puis redistribution au créancier
Ce système garantissait un encadrement judiciaire strict, mais générait des délais importants : plusieurs mois s’écoulaient souvent avant la première retenue effective.
Les raisons de la réforme
Le législateur a poursuivi plusieurs objectifs :
Fluidifier le système judiciaire : les greffes des tribunaux étaient surchargés par de nombreux dossiers de saisie, ralentissant l’ensemble des procédures.
Raccourcir les délais : réduire le temps entre la décision de saisie et sa mise en œuvre effective.
Améliorer la coordination : Éviter qu’un même salarié fasse l’objet de plusieurs saisies non coordonnées entre elles.
Dans un territoire comme La Réunion, où le coût de la vie est particulièrement élevé, ces modifications peuvent avoir un impact significatif sur l’équilibre des budgets familiaux.
Les principales modifications
Un nouveau rôle pour les commissaires de justice
Depuis juillet 2025, les commissaires de justice (nouvelle appellation regroupant huissiers de justice et commissaires-priseurs judiciaires) remplacent les greffes dans la gestion des saisies.
Le système distingue désormais :
- Le commissaire de justice saisissant : choisi par le créancier, il pilote la procédure
- Le commissaire de justice répartiteur : il collecte les sommes saisies et les distribue entre les différents créanciers
Le juge de l’exécution intervient toujours, mais principalement en cas de contestation ou de difficulté particulière.
Le registre national des saisies
Toutes les procédures sont désormais enregistrées dans un registre national des saisies des rémunérations. Cet outil permet de :
- Éviter les doubles saisies pour une même dette
- Organiser les priorités entre créanciers
- Assurer une meilleure transparence de la procédure
La suspension transitoire
Toutes les saisies sur salaire en cours au 1ᵉʳ juillet 2025 ont été temporairement suspendues. Cette mesure a eu pour conséquences :
- L’arrêt immédiat des prélèvements par les employeurs
- Le retour temporaire au salaire complet pour les salariés concernés
- La nécessité de reprendre les procédures selon les nouvelles règles
Important : Cette suspension constitue une pause technique, non un effacement des dettes qui restent dues.
La nouvelle procédure en pratique
Étapes pour les créanciers
- Désignation d’un commissaire de justice saisissant
- Présentation d’un titre exécutoire valide
- Envoi d’un commandement de payer au débiteur
- Confirmation de la procédure dans les 3 mois (à défaut, elle s’éteint)
- Inscription au registre national
- Signification du procès-verbal de saisie à l’employeur (dans les 3 mois suivant le commandement)
Options pour les débiteurs
À réception du commandement de payer, plusieurs possibilités s’ouvrent :
- Négocier un échéancier de paiement avec le créancier
- Contester la dette (prescription, paiement déjà effectué, erreur de montant…)
- Demander l’aide d’un professionnel du droit
À retenir : une réaction rapide élargit les possibilités de solution amiable.
Obligations des employeurs
Les employeurs (tiers-saisis) doivent :
- Appliquer le barème légal pour calculer la part saisissable du salaire
- Verser les montants retenus au commissaire de justice répartiteur
- Respecter les délais de réponse sous peine de sanctions
- Préserver la confidentialité vis-à-vis d’autres salariés
Les délais à respecter
- 3 mois pour le créancier : confirmer la procédure après transfert du dossier
- 3 mois pour le commissaire : signifier la saisie à l’employeur après le commandement
- 1 mois généralement pour les recours du débiteur après notification
Le non-respect de ces délais peut entraîner l’annulation de la procédure ou la perte de certains droits.
Les protections maintenues
La quotité saisissable
Un barème légal fixe le montant maximum pouvant être saisi, en fonction :
- Du montant du salaire net
- Du nombre de personnes à charge du salarié
Une partie du revenu demeure toujours insaisissable pour préserver un minimum vital.
Les recours possibles
Le débiteur conserve la possibilité de :
- Contester le titre de créance ou le montant réclamé
- Demander un rééchelonnement de sa dette
- Saisir le juge en cas de difficulté particulière
Cas pratiques
Salarié avec plusieurs créanciers
Le registre national permet d’organiser les priorités et d’éviter les chevauchements entre différentes saisies.
Pension alimentaire
Ces créances bénéficient d’un traitement prioritaire par rapport aux autres dettes et suivent des règles spécifiques.
Employeur recevant une signification
L’entreprise doit immédiatement adapter le calcul de la paie et répondre dans les délais au commissaire de justice.
Ressources d’information
- commissaire-justice.fr : guides détaillés pour chaque type d’acteur
- service-public.fr : informations officielles régulièrement mises à jour
- Centres d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF)
- Points d’accès au droit dans les communes
En résumé
La réforme de 2025 modifie profondément l’organisation des saisies sur salaire. Si la procédure devient plus rapide et mieux coordonnée, elle exige également une grande rigueur dans le respect des délais et des formalités.
Que vous soyez débiteur, créancier ou employeur, il est essentiel de bien comprendre vos droits et obligations dans ce nouveau cadre. En cas de doute ou de difficulté, n’hésitez pas à consulter un professionnel du droit qui pourra vous accompagner dans l’analyse de votre situation et la défense de vos intérêts.
Une réaction rapide et informée reste souvent la clé pour trouver la meilleure solution face à une procédure de saisie.